Les migrants. La Pologne. Les migrants. La Hongrie. Les migrants. Donald Trump. Les migrants. Marine Le Pen et le gouvernement français. Les migrants. Calais. Les migrants. Sud Presse. Les migrants. Lippens et les bourgmestres de la côte. Les migrants. La NVA et Charles Michel 1er…Les migrants et nous…
Pantois, hébétés devant la réalité discriminatoire, raciste, nauséabonde qui met en évidence la capacité de ségrégation qui habite nos contemporains. Pourtant. Tout est là depuis toujours. Présent. A chaque instant. Dans chaque construction sociale. Le mélange, l’ouverture. Il y en a peu en fait. Nous fréquentons nos semblables. Nos « mêmes » en goût, rayant parfois le goût de l’autre d’ailleurs. Nous avons nos activités sociales, sportives, culturelles avec des individus qui nous ressemblent. Et c’est normal. Parfois, nous avons bien des individus qui échappent un peu au modèle socioculturel dominant de notre entourage mais fondamentalement, nous restons programmés à rester dans des constructions sociales et culturelles proches. La différence, déjà dans nos vies de tous les jours, c’est extraordinaire.
Rien autour de nous ne permet, sauf à penser à des actions individuelles et personnelles, que nous pouvons nous mélanger. Regardons nos écoles, seul lieu de socialisation obligatoirement partagé par toutes et tous. Nous restons entre nous. Nous développons même des stratégies d’évitement, de relégation, de délocalisation afin de ne pas trop nous mélanger.
L’habitat, les quartiers. On tente. Mais quand des politiques se mettent en place pour essayer du maillage. Nous « gentrifions ». Alors l’autre…
Regarde. Même entre communautés d’un même pays. Citons 3 émissions phares des radios et télévisions flamandes. 3 personnalités culturelles fortes. Même notre ministre de l’enseignement et de la culture, matières vivantes dédiées à nos rencontres/nos ouvertures et nos compréhensions à l’autre, dans un même élan que la presse quotidienne si prompte à parler de vivre ensemble, même elle parle de « perplexité » quand ces deux talents exceptionnels que sont Veerle Baetens et Wim Willaert reçoivent les prix de meilleur actrice et meilleur acteur au Magritte. L’ouverture. La connaissance de l’autre {avec aussi cette question des prestiges du prix, la sublime An Pierlé, flamande elle aussi, n’ayant pas droit à la perplexité pour son prix de meilleure musique originale. La musique, acteur/trice indéfinissable d’un film n’étant pas très importante apparemment. Passons, c’est un autre débat}.
Quand je dis « Nous ». C’est « Nous » toutes et tous. Classes sociales favorisées/défavorisées. Belges d’origines étrangères. Belges « je ne sais pas quoi ». Nous ne fréquentons pas les mêmes lieux. Nous ne pratiquons pas les mêmes activités sportives. Regardez quand vous avez des clubs sportifs différents dans une commune. Qui va où ? pourquoi ? Regardez quand un catho et une musulmane veulent se marier ? Dans les 2 communautés les réactions engendrées. Nos unités scoutes. Nos écoles de cirques. Nos parcs. Nos cafés. Nos restaurants. Nos concerts. Je sais. J’exagère. Néanmoins. Nous restons cloisonnés. Je ne porte pas de jugement de valeur. Je suis ancré là-dedans aussi. Sans y penser nécessairement. Alors que j’habite une commune et un quartier des plus mixtes de Bruxelles. Que je travaille dans un établissement scolaire avec un public métissé socioéconomiquement et culturellement, construit sur la relégation scolaire.
Alors, où veux-tu en venir, me direz-vous ? Comme un sociologue, dirait Valls, tu veux justifier l’horreur de Calais et du gouvernement socialiste français, les propos de Trump, ceux de Lippens et de notre gouvernement de droite, tu donnes caution à ces individus qui bafouent la république, la démocratie, l’humanité, la Convention internationale des Droits de l’Homme, des Enfants et le vivre ensemble ? Non.
Au contraire. Je veux juste dire que si de tels dérapages se font jour aujourd’hui, niant l’humanité de nos contemporains, comme Lippens l’a fait, comme le gouvernement français, le nôtre et consorts peuvent le dire, le penser et le faire, c’est que depuis des dizaines d’années nous fondons nos politiques sur de l’entre soi, sur la discrimination, la ségrégation, le repli. Nous fondons nos réalités sociales sur des constructions communautaires, avec des ressemblances et des caractéristiques communes. Finalement, nous sommes une minorité, active sur les réseaux sociaux et dans des manifestations, mais qui restent entre nous, en nous créant une bulle spéculative d’un vivre ensemble qui existerait. Mais en fait, c’est une illusion. Qui existe. La réalité sociale est multiple. Pour une petite part. Grossie à la loupe par nos rapports « bienveillant » entre nous. Mais grosso modo, nous restons enfermés.
Regarde les répartitions de populations dans les communes bruxelloises, le revenu médian dans les communes bruxelloises, les mariages/cohabitation légale entre personnes de communautés différentes, la répartition des élèves dans les écoles, les disciplines sportives et les clubs fonction des statuts socioéconomiques et des origines culturelles….
Sur ce terreau de l’indifférence, des cloisonnements, ou de l’acculturation cosmétique qui semblent être le terreau de nos possibles rencontres, il est donc temps que les femmes et hommes politiques de gauche se bougent, parce que le fumier de l’indifférence à la haine prend une ampleur de plus en plus importante au gré des populismes et des difficultés économiques qui traversent le quotidien des citoyens. La paupérisation, l’absence d’ouverture culturelle et d’un discours critique dans nos médias nécessitent une prise de parole lucide, bienveillante et courageuse de la part des femmes et hommes politiques de gauche en Belgique. La droite s’enfonce, malheureusement pour la démocratie, dans un populisme extrême et le centre semble continuellement perdu au milieu du gué de son envie perpétuelle de pouvoir. Il convient donc de proposer un projet de société pour aujourd’hui et demain. Créer demain ne suffit pas. Penser demain non plus. Il faut commencer aujourd’hui. En nous proposant le plus tôt possible vos idées, vos projets, vos politiques. Pour nous les approprier. Les critiquer aussi. Dans le sens noble du terme. En nous disant clairement qui va les défendre, déjà maintenant. Révolution copernicienne mais qui nous permettrait de dialoguer avec vous clairement, durablement, sans jeux de pouvoir local pendant 3 ans. En renouvelant les cadres aussi. Mais c’est un autre débat peut être. Un seul chemin : le projet. Sans tabou. Oserais-je : Radical. Il n’y a plus place pour le cosmétique des noms ronflant vous permettant de gagner un siège qui ne servira à rien. Il n’y a plus de place pour un discours mou face au populisme raciste. Mais il n’y a plus de place pour vos « entre soi » et vos discours moqueurs en interne face aux actions des uns et des autres. Regardez « Le goût des autres ». Non pas qu’il doit y avoir du « relativisme culturel » mais au minimum pas de condescendance. La rencontre, c’est aussi celle que vous devez faire avec les individus qui ne pensent pas comme vous. Venir avec un projet. Le défendre. Le proposer. Mais sans hauteur de vue. Dans l’humilité de ce que vous êtes : des élu-es du peuple. Pas des hommes et des femmes à la science infuse. Ecouter. Dialoguer. Annoncer clairement aujourd’hui qui sera là en 2019 et pourquoi. Arrêtez de perdre du temps avec vos querelles d’ego, qui vous étranglent, vous abaissent et deviennent le porteur de vos actions politiques. Nous avons besoin de vous.
En travaillant non pas la communication mais la pédagogie, que vous développerez en essayant alors de bien la communiquer. Oubliez la communication pour la communication. Ce mauvais outil dans le cadre politique. Qui vous fait oublier l’essentiel. Le projet. Oubliez la communication politique stérile en 140 caractères ou dans des émissions qui vous réduisent à des chroniqueurs de « Touche pas à mon poste », qui induit que nous sommes trop « cons » pour comprendre autre chose. Ce n’est pas vrai. Ni pour vous. Ni pour nous. Par contre, expliquez-nous, durablement, profitez de ce temps. Ne venez pas 3 mois avant les élections avec des programmes et les personnes qui vont les défendre. Il faut nous préparer, nous aider à comprendre vos projets, à découvrir qui va les porter dès aujourd’hui, pour nous permettre de nous positionner. Il y a déjà Poutine. La Hongrie. la Pologne. En 2016, il y aura Trump. En 2017, il y aura Marine. Des partis fascistes et extrémistes qui participent à des gouvernements dans d’autres pays.
Nous avons 3 ans pour proposer, au cœur de l’Europe, un pays qui pourrait, sur les bases d’un terrain aujourd’hui chaotique, développer un projet progressiste compréhensible, rassembleur, ouvert vers l’autre, les autres. Qui ne réduit pas. Vous avez globalement failli depuis 30 ans, avec notre bénédiction, et certainement la mienne, mais il n’est jamais trop tard. Regardez ce couple d’amoureux, qui se sont retrouvés 72 ans après la guerre… Ecoutez Dominique A, « L’Horizon » et « Le sens »… nous avons beaucoup à apprendre et construire…