L’année 2015 se termine. Avec, selon « Le Soir », Charles Michel comme personnalité de l’année. Oups. J’ai sans doute loupé quelque chose. En même temps, quand je vois le top 10, j’ai raté beaucoup de choses apparemment. Personnalité. J’ai été chercher au dictionnaire. Entre diverses acceptations, celle-ci me parle : « Personne d’une certaine importance sociale ». Sociale. Pas médiatique. Sociale.
Dans une année où la violence s’est installée dans nos contrées, et je parle autant de la violence des attentats que celle subie par les migrants que nous refoulons et rejetons, que celle de la montée des extrêmes ou encore de la violence du marché du travail, et des personnes qui le « manipulent » comme des apprentis sorciers, il aurait sans doute été d’un goût plus juste de ne pas s’enfoncer un peu plus dans la médiocrité de notre temps, et la starification outrancière d’acteurs à qui on demande de gérer pour le bien de toutes et tous notre espace commun, tout simplement. Regardons le taux de pauvreté et de précarité, et reparlons de « personnalité de l’année »…
A cet égard, il aurait sans doute été judicieux de ne pas établir ce classement-là ou alors de mettre en valeur les acteurs qui ont une importance sociale. Je pense à Fatima et Catherine qui dans leur travail quotidien au sein de leur asbl, avec leurs collègues, permettent à des jeunes d’avoir une place plus prépondérante dans la construction quotidienne de leur établissement scolaire. Il y a aussi Raffaella, qui ne compte pas ses heures pour aider des personnes qui sont dans la précarité, principalement des femmes et des enfants. Tiens, il y a aussi Sélim et Pascale, qui empêchent bien souvent des jeunes de sombrer définitivement. Pourquoi pas aussi Sandrine, Sophie ou encore Caroline, qui par leur attention quotidienne construisent les fondations d’un possible pour nos chérubins. Au travers de ces prénoms, des hommes et femmes, c’est l’ensemble des acteurs sociaux (éducateurs-trices, enseignant-es, travailleurs sociaux, formateurs-trices d’adultes, assistant-es sociaux/ales, … ) mais aussi l’ensemble des bénévoles de toutes les actions sociales qui auraient pu être mis en avant, avec nos policiers et militaires qui essaient (ont essayé) de répondre à des injonctions compliquées venant d’ailleurs. Ce sont ces personnalités, d’une « importance sociale », qu’il fallait mettre en avant aujourd’hui. Sans eux, notre quotidien, déjà mis à mal, s’effondre… 5 secondes sans ces acteurs, imagine, 5 secondes sans ces acteurs…
Dans l’espace un peu fou qui est le nôtre, c’est mon vœu le plus cher. Laisser du temps de parole à des acteurs qui nous nourrissent, nous interpellent, nous font réfléchir et nous permettent aussi de nous déployer, d’interagir positivement dans la société en construction qui est la nôtre. Ces espaces existent. Personnellement, l’écoute des émissions de Myriam Leroy, Pascal Claude et Régine Dubois, où les invités ont le temps de partager, les éditos et analyses de Pierre Bouillon, qui mettent à mal les jeux politiciens et nous offrent des grilles de lecture, « Imagine demain Le monde » qui nous permet de rendre compte d’acteurs parfois peu « médiatique » et ouvre nos horizons vers des alternatives, la pertinence de Florence Hainaut quant à ses questions face à ses invités… J’en oublie… et mon choix est sans doute orienté, par mes goûts, mes écoutes, mes positions personnelles… Mais ce que je veux souligner, c’est que si ma critique est souvent dure vis-à-vis des médias, il y a des personnalités du monde journalistique qui nous permettent de ne pas s’enfoncer plus durablement dans l’ouate du jeu, du pain, et de la peur de l’autre…
Douce année 2016, au cœur de nos amours, de nos envies et de nos possibles…