J’aurais pu parler des réfugiés. J’aurais dû même peut être. Kevin De Bruyne et Anthony Martial aussi. 75 ou 80 millions. J’aurais pu parler des réfugiés. J’aurais dû même peut être. Secret Story, Patrick Le Lay en 2004 et le temps de cerveau humain disponible. J’aurais pu parler des réfugiés. J’aurais dû même peut être. Charles Michel et les tweets. Charles Michel et l’objectif emploi. Charles Michel et Jean Gol. Ah non, c’est Louis Michel sur la photo. Austérité, immigration, sécurité 1981-1988. J’aurais pu parler des réfugiés. J’aurais dû même peut être. Christophe Deborsu et Benjamin Maréchal aussi. Sous couvert de franc-parler, attiser de la peur, au minimum. Au minimum. Destexhe. Et peut-on tout proposer sans filtre ? sans regard critique au sens noble du terme ?
Non. John Lennon. « Imagine ». 1971. Je n’étais pas né. Une chanson. Une. Parmi d’autres. Mais qui résonne. Encore et encore. Du sucre pour certains. De l’or. Parce que l’actualité aujourd’hui, c’est cela. Imaginer. Que ces fameux nuages creusent un trou pour mettre nos pleurs, nos craintes et nos haines dedans. Certains parlent emploi, de productivité, de rentabilité, … alors que c’est la paix et l’amour qu’il faudrait mettre au cœur de nos vies, de nos actes et de nos projets. Je dis « nos ». Imagine. Un monde « pays », un monde « peuple ». Sans capitalisme. Sans communisme aussi. En somme, le problème depuis toujours doit être là. Nous sommes restés ancrés dans nos possessions, nos productions, notre soif d’avoir. Moi le premier. Sans doute le premier.
« Heroes ». 1977. La chanson d’un baiser devant un Mur, celui de Berlin. L’amour surpassant l’horreur. Nos vies sont désuètes, courtes, insignifiantes à l’aune de la vie qui nous a précédés et qui nous survivra. Pourtant nous arrivons à nous tuer. A nous oublier. A stigmatiser. A confondre l’essence de la vie et le besoin de possession. « Heroes » de l’amour, de l’ouverture, de la paix ? chaque jour l’actualité nous signifie le contraire. Alors qu’il suffirait peut être de cultiver l’art du tendre baiser, de la main prise, des doigts qui se croisent. Naïf. Fatigué surtout.
« The Ghost of Tom Joad ». 1995. Pas le temps de respirer. La détresse des gens, des camps de fortune. Et cette promesse de Tom. Se battre pour plus de solidarité. Pour plus d’amour. Et son fantôme qui nous hante. Quintessence subtile et profonde de la douleur de notre monde. Le sommet artistique de la compréhension de ce monde barbare que nous avons construit.
Je ne te parle pas de nos propres absences. Nos trous noirs. Nos explosions qui nous obligent à nous arrêter. Mais souvent trop tard. Epuisés. Par eux. Par nous. Par des normes. Des coûts. Des besoins. Par l’absence. L’absence d’amour autour de nous. C’est l’emploi qui compte. C’est la production. C’est être bien. Etre beau. Etre fort. Etre intelligent. Etre subtil. Etre avec eux, avec lui, avec elle, contre eux, contre lui, contre elle. Tous les jours, toutes les secondes.
Alors « Imagine ». 1971. « Imagine » être un « Heroes », mais un « heroes » de la bienveillance. De la paix. Du sourire. Du calme. Du juste. D’un changement de paradigme où prendre la main de ses enfants et s’en occuper en arrêtant de travailler est normal et valorisé. Où accueillir nos voisins en parlant de nos différences mais aussi de nos ressemblances est la norme. Où s’aimer, que ce soit dans l’altérité ou dans le même, est une valeur essentielle et profonde. Où donner un baiser et pleurer de joie ne sont pas perçus comme de la mièvrerie et moqués. Imagine que « the ghost of tom joad » n’ait plus besoin d’exister, sauf pour sa mélodie à tomber. Où Aimer construit notre monde…