Il a été de bon ton de taper sur « Viva for Life ». Cela m’interpelle. Notamment parce que je ne trouve pas réellement trace du même type de discours quand on aborde le Télévie ou encore Cap 48. Sans doute que le côté finalement plus centralisé et focalisé sur 3 animateurs qui lancent un défi est moins acceptable que les mêmes types de défis mais dans un ensemble plus large comprenant toute l’entreprise, comme dans le Télévie ou Cap 48.
Personnellement, je ne trouve rien à dire sur le fait que la RTBF ou RTL-TVI, via Cap 48, le Télévie ou Viva for life, développent des actions afin de récolter de l’argent qui permettra à des associations, des chercheurs ou des individus de pouvoir bénéficier d’un appui financier qui ne serait pas envisageable sans ces actions-là. Par ailleurs, sur le côté spectacle, c’est un produit qui correspond aux réalités et à la demande formulée par un public qui souhaite aujourd’hui de l’ « Entertainment » et un certain show autour des actions qui vont permettre de donner. Ce n’est pas ma tasse de thé, mais en somme c’est une réalité, qui dépasse nos frontières francophones. Et même si c’est problématique, dans les 3 cas puisque nous parlons de handicap, de précarité et de maladie grave, que le contraste entre l’objet social et le show est parfois inaudible, la RTBF et RTL s’inscrivent dans une démarche d’action caritative, plutôt inspirée par la charité, et donc ici d’amasser un maximum d’argent. Et dans cette optique, le résultat est performant (je me souviens d’une année où la RTBF avait voulu jouer le jeu d’une soirée sans show pour ce qui était encore l’opération 48.81.00, avec un résultat décevant au niveau de la mobilisation).
Là où je m’étonne souvent par contre, et dans ce cadre je rejoins les critiques, c’est la complaisance que la RTBF et RTL-TVI ont vis-à-vis des hommes et femmes politiques qui viennent, le cœur sur la main, et le sourire cynique, montrer leur tête, faire des cœurs ensemble avec des chèques en main. A part l’écœurement, et la sensation que nous sommes face à une sorte de cynisme crasse, je m’interroge également sur le fait que les journalistes de ces institutions n’interpellent pas plus durement ces hommes et femmes politiques qui ont ces politiques sociales dans leurs compétences et qui ont donc les cartes en main pour que justement, ils ne doivent pas venir donner de l’argent lors de ces actions caritatives mais qu’ils doivent développer une politique d’action sociale, démarche qui est absente aujourd’hui. Voir certains ministres venir à Viva for Life ou au Télévie alors qu’ils développent par ailleurs des politiques qui appauvrissent et précarisent, à leur niveau de pouvoir, les mêmes personnes qu’ils viennent soutenir, à cet égard, la politique spectacle est au comble de son horreur et de son indécence…
Pour terminer sur le questionnement critique, je reviens juste deux secondes sur le fait que nous nous sommes beaucoup gaussés de notre Roi, peignoir et jus d’orange, quand nous étions dans la « peur » des attentats de niveau 4 (enfin… personnellement, je faisais comme lui mais dans mon canapé avec un café, en regardant des films avec les enfants…c’est vrai je ne suis pas Roi, mais bon… franchement…), mais il y a eu beaucoup moins de critique quand notre premier ministre se faisait photographier comme un gamin avec « James Bond » ou quand il faisait des photos avec son copain Didier lors d’un concert de Stromae à New York, privilégiés parmi les privilégiés. Avec toujours ce côté gamin adolescent trop content de vivre un truc incroyable. Premier Ministre. Au même moment, des individus se voyaient exclure du chômage, voyaient leur possibilité de prendre une pension à un âge décent s’éloigner, voyaient leur revenu ne pas suivre la hausse des prix, voyaient leur qualité de vie se réduire et frapper leur famille, les plongeant parfois dans la précarité… Encore un petit cœur Charles ?