Ce matin. Radio. Niveau 4. La « guerre ». Rien ne bouge. L’armée et la police. Comité de décision. Un petit café. Hésiter une seconde. Se recoucher. Et puis se réveiller. Vraiment. Mais non, c’est bien l’état de vigilance total. Bruxelles, ville morte. Oui. Je comprends. Prendre des mesures. Etre responsable. Et tout cela. Si je comprends, c’est une journée. Un peu comme un jour férié un samedi mais qui n’était pas prévu et pour lequel des militaires vont défiler et la police carillonner. Tiens, un avion passe au-dessus de mon appartement… un deuxième. Ne me faites pas dire ce que je ne pense pas. Il convient d’arrêter la folie meurtrière. La police et l’armée ont une légitimité à le faire. Nos responsables ont le devoir d’axer une partie de leur travail sur ces stratégies-là. Dans un souci de démocratie. Dans une perspective de laisser la liberté gagner. Enfin, je ne sais pas. Il est tôt et c’est samedi. Un deuxième café.
Jambon. Jan. Jan Jambon. Il veut fouiller chaque maison de Molenbeek. Et mettre un bracelet électronique à chaque personne qui revient de Syrie, si je comprends bien. Enfin, je ne sais pas. Une pensée furtive. « V pour vendetta », la version cinéma, celle de 2006, qui est une adaptation d’un comic. Un régime, autoritaire, en place qui se construit et réduit les libertés. Pour défendre. Toujours pour défendre face à des ennemis. Qui réduit l’idée de bonheur. Tout est bon. Pour défendre. Sécuriser. Faire peur.
Enfin, je ne sais pas. Ou plus. Les enfants n’auront pas cirque, hockey, lutin et louveteau. Cela, je le sais. Mais je ne les ai pas ce we. N’empêche. J’allais voir le grand. Match de l’année. A notre échelle. Ben non. Niveau 4 grand. Dimanche, photos de camp pour ma puce. Tu sais, les images de rires, de sourires, les parents qui sont super fiers et contents de voir leurs enfants s’être amusés, avec les regards complices qui font la vie. Ben non. Niveau 4 ma belle. On est en guerre quoi. Ben non. Enfin je ne crois pas. Quand mon grand-père m’expliquait la guerre, le camp de travail, je n’ai pas l’impression que c’était comme dehors. Mais bon je ne sais pas. Je suis juste un citoyen. Pas plus con ou malin que les autres. Je me pose juste des questions. Tiens, je me souviens. Quand j’avais 10 ans, il y avait les CCC. Ils faisaient exploser plein de trucs aussi. Je ne me souviens pas du mot « guerre ». Mais bon je ne sais pas. J’étais petit à l’époque, je ne sais pas et je ne me souviens pas. Tiens, il y avait aussi ces tarés qui butaient tout le monde dans les « Delhaize ». Même qu’y aller avec ses parents, c’était « waouw t’as pas peur ». Mais on y allait. La sécurité était renforcée. On avait la trouille. Cela, je m’en souviens. Mais, on les portait quand même ces sacs du supermarché. Et on vivait. D’ailleurs, je me dis que ces gars-là, on n’a jamais trop su quoi finalement. Alors ici… enfin, je ne sais pas. Ils sont peut-être meilleurs nos « chefs » aujourd’hui… Je ne sais pas…
2009, « L’arme de paix »… Oxmo Puccino… Ecoute… une chanson d’amour…
C’est samedi. Comme un jour férié. En plus l’hiver est arrivé. Il pleut. OK… J’ai pris mes baskets, enfilé ma tenue de sport. Playlist. Love song. Des chansons d’amour. A en mourir. Puis je suis sorti. J’ai couru. Dans ma ville. Dans cette « putain » de belle ville. Bruxelles. Schaerbeek. Des pensées tenaces. De chaleur. De regards complices. Un sourire. Je cours. Je regarde les gens. Des gens. Tout autour de moi. Qui vont. Qui viennent. Qui vivent. Des enfants qui courent. De la vie. Des pensées tenaces. Un concert avec mon grand cette semaine. Et des familles qui chantaient, dansaient. Vivaient. Je cours. Le sourire aux lèvres. Non, ils n’ont pas gagné. Et je ne sais pas trop qui est le « ils » d’ailleurs. Je cours. De toute cette force. De notre arme de paix. De l’amour. Nous ne sommes pas en guerre les enfants…