10 mars 2024

[Parenthèse 30… ]

{ Le bruit des feuilles s’immisçait doucement dans les textures sonores de la fête. Le soleil se couchait lentement, laissant derrière lui les traces d’une chaleur que les convives retrouvaient dans les pas brûlants qui s’invitaient depuis quelques minutes sur la piste, qui recouvrait l’étendue du lieu gardé secret jusqu’au dernier moment.

Ils avaient choisi  “No Sound but the Wind” pour déposer leurs sourires complices dans les yeux de leurs ami.es et de leurs familles réunis. La voix de Tom Smith s’insinuait dans les profondeurs de leurs souvenirs, leurs mains fragiles, prises par les émotions vives qui parcouraient leurs échines, comme les quelques gouttes de sueurs qui venaient frôler leurs peaux dessinaient les circonvolutions de leurs chemins pour poser les pas qui étaient là.

Sous les lumières qui avaient commencé leurs sarabandes, les verres et les rythmes décousus s’emmêlaient dans ces chorégraphies particulières des nuits de célébration d’union. Les uns se racontaient au détours d’un verre, ou deux, parfois plus, attablés, s’attachant à se remémorer leurs vies qui étaient déjà passées, l’œil un peu mouillé de se souvenir qu’un trait de géant venait de défiler, pour se fracasser en ce moment crépusculaire de leur chemin. Les autres s’époumonnaient à chanter les refrains entêtant de leur présent déjà un peu buriné, hurlant, criant, déchirant leurs corps, embrumés par l’amour, encerclés.

Les plus proches s’invitaient de manière plus prononcée dans leur intimité, relatant les souvenirs, essayant de ne pas déraper. Contrôler. Eux, ils continuaient à danser. Les plus avertis avaient noté qu’il posait régulièrement sa main sur son ventre, légèrement plus arrondi. Les premiers chuchotements commençaient à se confondre aux chuintements des branches des arbres qui les encerclaient à l’instant. Certains annonçaient déjà qu’ils le savaient depuis longtemps, vraiment, les effluves d’alcool improvisant des moments qui n’existaient pas, ou du moins pas comme cela. On entendit une autre bouteille sauter. Et les plus coquin.es ajoutaient qu’il y avait d’autres bruits de cet ordre-là, près de l’arbre en contre-bas. L’été permet cette chance de s’ébaubir de l’audace de la jeunesse.

Elle lui prit la main. Tendrement, elle l’emmena un peu à l’écart. Ses cheveux retombaient délicatement le long de sa robe diaphane. Elle sera son corps humide, sa chemise marquée par les températures un peu élevées qu’il avait vainement tenté de maitriser. Elle sentit les muscles saillants de ses bras, secs. Elle caressa son visage, et passa ses doigts dans les poils de sa barbe poivre et sel. Il la regardait s’avancer dans les méandres de leurs pensées. Elle savait si bien lire ses émotions. Elle vint déposer un baiser près de son oreille, susurrant un amour profond et bienveillant. Il sentit ses larmes s’enfoncer dans les chemins boisés de ses joues habillées. Les premières notes s’élancèrent lentement. « Woman » et la voix entêtante de Marcus Mumford s’envolant, sublimant les pas qu’ils construisaient à chaque moment de cette vie qu’ils avaient décidé de prendre soin ensemble…}

[Prenez infiniment soin de vous…et de ceux que vous aimez… ]